En cette période sombre où la violence mène le bal, un souvenir de lecture me revient. Dans La bienveillance est une arme absolue et Le nouveau dictionnaire de l’impossible*, l’écrivain Didier Van Cauwelaert, passionné par l’extraordinaire sous toutes ses formes, raconte un épisode méconnu de la 1ère guerre du Liban.
Pendant les années 80, un groupe de quatre universitaires américains envoie sur les lieux du conflit un commando de penseurs entraînés à la méditation optimiste. Leur mission: se réjouir tous ensemble de la fin de la guerre au bout milieu d’un champ de bataille. Leur nom de code: les «rêveurs d’élite». Nom de la mission: «Projet international pour la paix au Moyen-Orient». Le tout avec la bénédiction de l’ONU.
Imaginez la scène: sous les tirs continus de roquettes, un groupe d’illuminés, assis en lotus, les mains chastement posées sur les cuisses, pouce et index formant un cercle, yeux fermés et sourire béat, en train de réciter de délicats mantras pendant qu’en face des soldats s’écharpent à qui mieux mieux.
Une méthode Coué, version XXL.
C’est une blague?
Un pari fait un soir de cuite?
Une idée échappée de cerveaux embrumés par trop de fumette?