Des femmes, il y a en a dans ce magazine, mais trop souvent «femme de»: ce qui signifie un pantalon ou des chausses pas loin, un couple, une histoire d’amour ou de haine, mais jamais l’un sans l’autre (comprenez jamais la femme sans l’homme); et jamais la femme sans l’amour, comme si la femme ne pouvait exister, donc avoir un intérêt historique en dehors de l’amour qu’elle porte à un autre être ( un homme de préférence, exceptionnel si possible, et ses enfants, si elle en a, c’est une obligation).
Alors oui, j’aime bien raconter des histoires d’amour, même quand elles finissent mal; mais j’aime surtout raconter des destins, des histoires de pouvoir, des combats, des coups de folies, des récits d’aventures, d’engagement, de dépassement de soi et des franchissements de ligne blanche, des «non, jamais» et des «pourquoi pas».
Dans les magazines, on parle beaucoup de Marie-Antoinette, les grandes Catherines (de Russie, de Médicis) Cléopatre, Jeanne d’Arc, Sissi, j’en passe et des meilleures (ce sont souvent les meilleures qui passent). Oui, celles-là ont droit aux grands coups de projecteurs et au tapis rouge parce que reines, impératrices, saintes: des exceptions en raison de leur notoriété. Parce qu’il faut toujours des exceptions pour assurer la pérennité d’un système.
Sur la grande scène de l’Histoire de l’humanité, les femmes ont joué au mieux les seconds rôles, quand elles n’ont pas plutôt fait de la figuration.